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Épilogue

André Breton, Thème astrologique de Benjamin Péret, 1926-1030, manuscrit autographe, Collections Benjamin Péret, Ville de Nantes, Bibliothèque municipale © succession André Breton, ADAGP, courtesy Ville de Nantes, Bibliothèque municipale
André Breton, Thème astrologique de Benjamin Péret, 1926-1030, manuscrit autographe, Collections Benjamin Péret, Ville de Nantes, Bibliothèque municipale © succession André Breton, ADAGP, courtesy Ville de Nantes, Bibliothèque municipale

Cette incapacité de compromis et de concession qui a été la sienne, son amour de la vie au grand large et fantastique qu’on mène dans la ville moderne, sa nostalgie des rythmes, la liberté de son esprit et l’inflexible rigueur de ses principes, tout cela fit de lui un « homme d’une autre époque ». Dans ce monde de spécialistes et de robots désignés, un homme de vérité est un archaïsme. Si notre temps est celui du nihilisme, comme certains le prétendent, Benjamin Péret, homme d’espérance, est une figure du passé. Mais n’est-ce pas en même temps la preuve qu’il est homme et poète de l’avenir ?

Octavio Paz, Les Lettres nouvelles, 7 octobre 1959.

 

 

 

 

Benjamin Péret, poète, d’un seul tenant est mort très riche – laissons les critiques s’en apercevoir après-demain. Il me semble que peu lui importait. Je ne veux ce soir que rouvrir ses poèmes et me laisser arrêter par un titre, titre dédié à l’amitié et à la fidélité qui ôterait aujourd’hui même à ses ennemis l’envie de sourire : « Toute une vie ». Mot auquel si peu d’existences peuvent se mesurer, mais à suivre oui, qui agrandit, pour moi infiniment ses poèmes, et que la mort aujourd’hui contresigne – c’est si rare – impeccablement.

Julien Gracq, Arts, 30 septembre 1959.

André Breton et Benjamin Péret à Cahors sur le pont Valentré (ou Pont du diable, datant du 14e siècle), 1956 © courtesy Association Atelier André Breton
André Breton et Benjamin Péret à Cahors sur le pont Valentré (ou Pont du diable, datant du 14e siècle), 1956 © courtesy Association Atelier André Breton

Ce parallèle entre Breton et Péret, ces comparaisons et rapprochements critiques d’œuvres, ne sont pas seulement un hommage à ce qui restera l’exemple d’une amitié très rare entre deux êtres exceptionnels et deux grands poètes. Je voudrais encore souligner que seul le surréalisme, qui fut d’abord et avant tout, je l’ai dit, activité collective, a pu permettre ce genre d’amitiés – fondées à la fois sur la sensibilité et les idées partagées, sur la sensibilité des idées et sur une certaine idée de la sensibilité. Ceci vaut d’être salué au passage comme un peu d’incandescence palpitant sous la croûte glacée de notre monde.

Claude Courtot, « Les Grains d’un même épi : André Breton-Benjamin Péret »,
Cahiers Benjamin Péret, n° 2, septembre 2013.

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Le merveilleux

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